A ma femme , a mon petit coquelicot . Tu

                     A ma femme , a mon petit coquelicot .                                                  

Tu t'éloignes de nous, petit à petit, sur la pointe des pieds, sur la pointe du coeur, pour ne pas nous effrayer davantage, pour ne pas creuser la ride qui barre déjà notre front; pour ne pas effacer complètement le reste de sourire qui flotte parfois sur nos lèvres, pour ne pas éteindre la lumière qui brille dans nos yeux.    Tu prends quelques distances avec le temps, tu perds quelques distances avec l'espace, et tu nous vois enfin nous éloigner. Tu ne hâtes pas le pas; tu sais que tu ne peux nous rejoindre car nous ne suivons pas la même route. Et tu as  mal de ne plus pouvoir nous rattraper, nous parler, nous accompagner jusqu'au bout de notre chemin. tu t'éloignes de notre âme, de notre compassion, de notre amitié, et de notre amour, sans bruit, sans heurt, pour ne pas nous blesser, pour ne pas nous infliger le poids du chagrin,  pour ne pas briser notre silence, notre envie de vivre, de survivre à cette tempête.                                          

Tu t'éloignes de nous, de nos soucis et de nos peurs, que tu ne  pourras désormais plus partager et ton coeur se serre à la seule pensée de ne plus pouvoir porter avec nous les fardeaux de la vie, à l'idée de nous voir peiner, impuissants et désespérés. Tu t'éloignes corps et âme, et pourtant ton regard, lui, ne ous quittera jamais.